La marque de lingerie féminine Etam a mis à pied une employée accusée d’avoir refusé la candidature d’une femme voilée.
Trois semaines après l’affaire Décathlon, une nouvelle enseigne française s’incline devant l’islam politique.
Plus attaché à sa clientèle islamo-gaucho-militante qu’aux droits des femmes,
Etam s’est publiquement humilié en présentant de pathétiques excuses à une candidate à l’embauche voilée,
qui aurait été initialement refusée en raison de son voile, et en mettant à pied
la responsable du magasin de Montpellier qui
l’aurait refusée.
Le conditionnel s’impose sur les circonstances exactes, mais hélas une chose est sûre :
il est plus qu’urgent de lutter de toutes nos forces contre l’argument insensé
« c’est religieux, donc je peux »,
prétexte absurde et malsain pour s’affranchir de la décence, de la raison et de l’éthique.
Etam, « 100 ans d’audace, de légèreté, de sexiness à la française »
Zineb El Rhazoui, Majid Oukacha, Lydia Guirous et d’autres ont heureusement immédiatement réagi,
avec détermination et parfois même avec humour – mention spéciale à la déesse Moumouh de Majid – et je ne peux que me
joindre à eux.
N’en déplaise au Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) et à ses affidés, le hijab n’a rien
à faire avec une marque dont le slogan, désormais lamentablement désavoué, est « French Liberté »,
et qui prétend avoir « 100 ans d’audace, de légèreté, de sexiness à la française ».
« Sexiness à la française » était déjà ridicule, à moins que les mots charme et sensualité n’existent plus in French,
isn’t it, et voici qu’Etam semble vouloir s’engager pour 100 ans de soumission, de pesanteur,
et de dissimulation honteuse du corps des femmes.
Femmes rendues responsables de l’incapacité supposée des hommes à se comporter en êtres civilisés,
ce qui est étouffant et humiliant pour les deux sexes.
Il faut le dire, le redire, l’écrire et le réécrire encore et encore :
le hijab n’est pas juste « un signe religieux comme les autres ».
Le hijab proclame avec ostentation qu’il doit exister
une barrière culturelle infranchissable entre les femmes et les hommes, et que les femmes ne doivent
pas bénéficier des mêmes droits civiques ni des mêmes libertés que les hommes.
Comme l’a dit Ghaleb Bencheikh,
« le voile est une atteinte à la dignité humaine dans sa composante féminine ».
Le hijab est comme un t-shirt politique
Une femme en hijab est comme un afro-américain qui porterait l’emblème du KuKluxKlan :
l’un et l’autre arborent ce qui est devenu l’étendard d’une discrimination inacceptable, sexiste dans un cas,
raciste dans l’autre.
Qu’ils soient eux-mêmes victimes de la discrimination qu’ils promeuvent n’enlève rien à l’indignité de celle-ci.
Et vouloir l’assignation à la minorité perpétuelle des femmes n’est pas moins grave que de militer pour l’assignation
à l’infériorité perpétuelle des membres de telle ou telle ethnie.
Dans un communiqué, le groupe Etam insiste sur son « principe de totale neutralité politique, philosophique
et religieuse ».
Il est paradoxal que cela le conduise à devoir s’incliner devant quelqu’un qui souhaite justement afficher dans un
de ses magasins un signe qui, non seulement, n’a rien de neutre, mais encore fait la promotion de discriminations
que le groupe prétend combattre !
Je l’ai plusieurs fois écrit, Zineb El Rhazoui le rappelle elle aussi, le voile islamique est à mettre sur le
même plan qu’un tee-shirt à message politique.
Les femmes qui portent le hijab peuvent avoir des motivations multiples, et pour certaines totalement
respectables quoi que naturellement discutables, mais il n’en demeure pas moins que ce voile
en lui-même est désormais la marque d’une idéologie particulièrement problématique.
L’Etat se rétame
Reste qu’Etam touche juste sur un point, c’est lorsqu’il évoque la loi El Khomri.
Revendiqué et instrumentalisé par l’islam politique, le hijab est devenu un sujet politique.
Comme l’écrit Lydia Guirous, il est donc de la responsabilité de l’État de s’emparer du problème,
au lieu d’en laisser la charge aux entreprises parfois bien démunies.
La laïcité ne doit pas être détournée pour justifier une neutralité lâche et indifférente, elle impose
au contraire une impartialité exigeante et ferme pour veiller au respect de nos principes fondamentaux
sans tolérer de passe-droits, fut-ce pour raisons religieuses.
Hasards dramatiques du calendrier, alors même que certaines tentent d’imposer
la banalisation du hijab en Occident, l’avocate Nasrin Sotoudeh vient d’être condamnée dans son pays à 38 ans
de prison et 148 coups de fouet pour avoir défendu les femmes qui osent enlever ce voile dans son pays, en Iran.
L’Iran qui, malgré cette condamnation aussi ubuesque que monstrueuse, vient d’être nommé au Comité des Droits
des femmes aux Nations unies…
Où siégeait déjà l’Arabie saoudite… Et en France, Pierre Liscia est submergé de menaces de mort pour avoir
dénoncé les collusions avec l’islamisme de Rachid Nekkaz, l’homme d’affaires qui se vantaient de
payer les amendes des porteuses de burqa en France et qui aspire au pouvoir en Algérie.
Emmanuel Macron:
« Si parce que vous portez un foulard vous n’êtes pas embauchée, c’est une discrimination à l’embauche »
Anne-Sophie Chazaud a dénoncé ici-même l’hypocrisie de ceux qui tentent de faire passer le port du voile
islamique pour un signe de liberté ou de dignité, de cette gauche parisienne qui ne défend pas un élu
de sa ville menacé de mort à Aurélien Taché, en passant par Yassine Belattar, dont l’ami Emmanuel Macron a dit :
« Si parce que vous portez un foulard vous n’êtes pas embauchée, c’est une discrimination à l’embauche.
C’est sanctionné par la loi, il faut le dénoncer. »
Monsieur le président, le 25 novembre 2017 vous aviez pourtant déclaré que l’égalité femmes-hommes était
la « grande cause du quinquennat ».
Suffit-il donc qu’une idéologie puisse se réclamer d’une religion pour qu’elle ait la préséance sur
les « grandes causes » de la République ?
Les arguments diffusés en faveur du port du voile, tels
que « si quelqu’un te voit, il te respecte car il voit que tu te respectes toi-même »
ou « tu ne te dégrades pas parce que tu es couverte et non nue »,
disent en creux le profond mépris dans lequel sont tenues les femmes non-voilées par les promoteurs du hijab.
Refuser l’affichage ostensible de ce mépris, qui foule aux pieds les fondements même de notre République,
constitue-t-il une discrimination condamnable ?
Le hijab n’est pas une liberté
Contre les adversaires du voile, les accusations de racisme ne tardent jamais.
C’est inacceptable.
Le hijab n’est pas un héritage imposé comme la génétique, c’est un choix.
Une décision personnelle qu’il faut donc personnellement assumer.
On ne peut pas demander à quelqu’un de rendre des comptes sur ses origines.
En revanche, on doit lui demander des comptes sur ses engagements choisis, et le port du voile en est un.
Alors assez de mensonges !
Le droit de porter le hijab n’est en rien comparable au droit de ne pas le porter.
Où, dans le monde, condamne-t-on une femme à 148 coups de fouets pour avoir défendu celles qui ont,
dans la rue, ce morceau de tissu ?
Cela seul suffit amplement à démontrer que ce n’est qu’un faux vêtement mais un véritable étendard obscurantiste !
Parler du hijab comme d’une liberté, c’est cracher au visage de celles qui ont été assassinées ou défigurées
parce qu’elles l’avaient enlevé, c’est trahir ce qu’il peut y avoir de grand dans notre civilisation, et ceux qui,
ici ou ailleurs, partagent cet idéal.
L’Occident n’est pas raciste lorsqu’il assume ses valeurs universalistes mais lorsqu’il les renie, car alors il abandonne
les humanistes du monde entier comme si leurs origines les rendaient indignes des libertés dont lui-même prétend jouir.
« Donne-moi la liberté que je la tue. »
Je pense évidemment à Nasrin Sotoudeh, mais aussi à des intellectuels magnifiques de cette Algérie tourmentée,
comme Boualem Sansal, Kamel Daoud ou Karim Akouche qui fait une remarquable analyse des événements actuels dans ce pays.
Je pense en Tunisie à Yadh Ben Achour qui, comme jadis Abdelwahab Meddeb, donne la priorité à l’exigence éthique
sur les prescriptions religieuses, et écrit :
« La burqa est une croix gammée, une lapidation potentielle.
Toutes deux sont porteuses d’un message clair :
« Donne-moi la liberté que je la tue. »
A moins d’accepter cette sentence de mort, un démocrate doit se défendre.
La loi ne peut être conçue uniquement pour limiter le pouvoir démocratique.
Elle doit le protéger contre ceux qui le haïssent. »
Je pense à Yasmine Mohammed au Canada, Maajid Nawaz en Angleterre, Ayaan Hirsi Ali de la Somalie aux Etats-Unis,
Masih Alinejad de l’Iran au Royaume-Uni, Djemila Benhabib au Québec.
Je pense à certains de nos concitoyens d’origine maghrébine qui sont devenus des gardiens
de la République, comme Zineb El Rhazoui, Lydia Guirous, Majid Oukacha, Jeannette Bougrab,
Naëm Bestandji, Zohra Bitan, Waleed Al-Husseini.
Ils sont la fleur qui pousse dans le désert malgré tout, ils sont la preuve que les ténèbres ne peuvent
jamais totalement étouffer la lumière.
Ils montrent que l’élan vers le Bien, le Beau et le Vrai peut jaillir au cœur de l’Homme même lorsque
son environnement y est hostile.
Leur courage admirable fait honte à l’abjecte lâcheté et au relativisme immoral de ceux qui, en Occident,
renoncent à transmettre des libertés dont eux-mêmes ont hérité sans effort mais qu’ils doivent
aux générations qui les ont défendues au prix du sang.
Dans ces incidents à répétition autour du hijab, qui touchent en réalité au cœur des droits
des femmes et de la libre dignité de tous, les arguments de nos adversaires illustrent parfaitement
ce contre quoi Yadh Ben Achour nous met en garde :
« Donne-moi la liberté que je la tue. »
Réagir est un impératif de survie, c’est aussi un devoir à la fois politique et moral.
Et c’est un combat qui peut être gagné, l’affaire Décathlon l’a montré.
Nous devons soutenir ceux qui le mènent en première ligne, et notre clameur doit être assez forte
pour contraindre l’État à prendre,
enfin, ses responsabilités.